“Em vez de se tratar a febre, muda-se de termómetro” [Bruno Dewaele, jornal “Libération” (França)]

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Notation des dictées : «On ne s’attaque pas à la maladie, on change juste de thermomètre»

AUDE DERAEDT 11 AVRIL 2014 À 18:33

INTERVIEW
Le champion du monde d’orthographe estime qu’un nouveau barème de notation n’est pas la solution.
Le ministère de l’Education nationale a présenté jeudi un nouveau système de notation pour les dictées. Moins sévère, il tiendrait compte des bonnes réponses des élèves et non plus seulement des fautes. Bruno Dewaele, champion du monde d’orthographe et professeur de Lettres dans un lycée du Nord, nous explique pourquoi il ne croit pas en ce barème, malgré la prise de conscience des Français de l’importance de l’orthographe.

Le ministère de l’Education nationale a dévoilé jeudi un nouveau barème de notation pour les dictées. Qu’en pensez-vous?
Je suis d’accord pour qu’on y réfléchisse, qu’on n’ait plus recours à la notation punitive. Surtout si l’orthographe traumatise autant qu’on le dit. Mais je ne suis pas sûr qu’un nouveau barème fasse faire des progrès aux élèves. L’Education nationale cherche surtout à masquer un déficit. Déjà en 1990, le gouvernement avait entamé une réforme de l’orthographe, pour la simplifier, au lieu de l’apprendre telle qu’elle était. Ce n’est pas ça qui va aider les élèves, quand on sait qu’ils confondent encore en seconde un futur avec un imparfait. Ça me fait toujours penser à l’histoire du piano. En France, quand on n’y arrive pas, on rapproche le piano plutôt que d’avancer le tabouret. Pour l’orthographe, c’est la même chose. On ne s’attaque pas à la maladie, on change juste de thermomètre.

En tant que professeur de lettres en lycée, avez-vous observé une évolution du niveau des jeunes en orthographe?
Le niveau est mauvais, il faut dire les choses comme elles sont. Quand on compare des copies d’aujourd’hui à celles d’il y a trente ans, il y a une baisse évidente. Mais c’est sans solution. Le temps qu’on consacrait naguère à l’orthographe n’a rien à voir avec celui qu’on lui consacre aujourd’hui. Si le niveau ne baissait pas dans de telles conditions, nos élèves seraient tous des génies.

Mais n’est-ce réellement qu’une question de temps?
Pas uniquement. Les jeunes ont aussi perdu l’habitude de lire. Comment parvenir à visualiser des mots si on ne les a jamais lus ? Et puis, même s’ils lisent, le niveau des textes pour enfants a beaucoup changé. Moi, j’ai appris à lire dans Sylvain et Sylvette. Essayez de comparer une ancienne édition avec celles d’aujourd’hui. Pour Le club des Cinq, et autres œuvres des éditions La bibliothèque rose, même topo. On ne trouve plus un seul passé simple. Tout est au présent de narration. Alors forcément, le vocabulaire s’appauvrit.

La dictée a-t-elle encore sa place à l’école et au collège?
Je veux bien qu’on remplace la dictée, mais depuis qu’elle a quasiment disparu des programmes, le niveau ne s’est pas amélioré. Et puis, il faut le reconnaître, elle avait au moins l’avantage de mettre sous le nez des élèves un texte de littérature. Même s’il est difficile d’en comprendre le sens quand on est en dictée.

L’orthographe joue-elle encore un rôle important dans le travail?
Avant, quand on envoyait une lettre de motivation ou un CV, on ne s’intéressait pas à l’orthographe. Aujourd’hui, ça a un peu changé. Si les gens se rendent enfin compte qu’il est important de ne pas faire de faute, c’est un progrès. En début de semaine, j’ai entendu dire qu’une étude britannique avait établi que la moindre faute sur un site Internet coûtait extrêmement cher à une entreprise. Les clients, en apercevant un manque de rigueur dans la forme, ne cherchent pas à aller plus loin et en déduisent que le site n’est pas sérieux. Alors qu’en est-il dans nos e-mails ? Une simple faute nous met complètement à nu. On dit toujours que l’orthographe est superflue, mais cela peut avoir de l’influence. Même sur la vente d’un produit.

[Transcrição (e tradução) de excertos de artigo com entrevista, da autoria de Aude Deraedt, publicado em 11.04.14 no jornal francês “Libération”. Tradução de ILC AO.]

Agradecimentos a Maria José Abranches pela indicação deste texto.

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